"Les villes intelligentes, un concept révolu ?" - Résumé du meet-up

 

Le 24 septembre 2020, se tenait la 4e édition de notre série de meet-up sur les villes de demain. Découvrez le résumé des interventions passionnantes de nos participants !

 

Pour introduire ce meet-up, Aurélien, responsable des affaires publiques chez Qucit, a présenté la mission de Qucit et sa technologie : rendre les villes plus agréables, durables et efficaces. Qucit développe notamment Qucit Comfort : un outil de consultation citoyenne qui permet de replacer l’usager au coeur de la fabrique des villes. Prendre en compte l’usager dans l’aménagement des espaces publics urbains est essentiel pour assurer des villes agréables.

La mission de Qucit nécessite de suivre de près les changements en cours dans les villes et force est de constater qu’ils sont nombreux à l’heure actuelle ! 

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“Smart Cities” : ce terme est partout depuis le début des années 2010. Initialement développé par les industriels du numérique, de nombreuses technologies et expérimentations y sont associées : IoT, smart grids, police prédictive, blockchain etc. Ce terme apparaît dans des conférences, articles de presse, devises d’entreprises, programmes électoraux… 

Le projet de ville intelligente à Toronto par Sidewalk Labs (filiale de Google) fut emblématique. Son interruption soudaine en mai 2020, après deux années de vives polémiques, est-il l’un des marqueurs de la fin du concept Smart City ? Manque de transparence, marchandisation des données personnelles, la smart city et ses dangers furent au coeur des débats. 

Qu’en est-il des villes intelligentes françaises ? 

De l’autre côté de l’Atlantique, les villes et métropoles françaises ont mis en place des politiques publiques et partenariats pour faire du concept une réalité. Mais force est de constater que durant la campagne des municipales de 2020 (à l’inverse de celle de 2014) le thème de ville intelligente semblait être le grand absent des programmes. On souhaite aujourd’hui promouvoir des villes plus “vertes,” “inclusives” et respectueuses de la vie privée des citadins. 

Puisque le terme de ville intelligente est un concept changeant, certainement “fourre-tout” aux contours pas toujours définis, nous proposons pour cette nouvelle édition de nos Meet-up Ville de demain de donner la parole à des experts, qui ont chacun leur définition et leur point de vue sur ce que doit être la ville intelligente de demain.

Le concept de ville intelligente est-il encore d’actualité ? Nos villes sont-elles déjà suffisamment smart ? Quel est le futur des villes intelligentes ?

Pour répondre à ces questions, ce meet-up a réuni des intervenants de structures différentes : un média de référence sur les villes intelligentes (Smart City Mag), un industriel (Bouygues Energies Services) et une société de conseil (Metapolis). Elles ont en revanche un point commun : réfléchir à la mise en place d’une ville intelligente depuis la mise en place de politique adaptée, à une meilleure infrastructure aux développements de nouveaux usages.

 
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Smart City Mag

Quelles sont les motivations pour mettre en place un territoire intelligent ?

Intervenant : Ariel GOMEZ, Rédacteur en Chef & Directeur de la Publication, Smart City Mag

 
 
 

Lancé en juin 2016, Smart City Mag est le média de référence sur les villes intelligentes. Ce mensuel s'adresse à celles et ceux – acteurs publics, privés, institutionnels - qui pensent et qui mettent en œuvre au quotidien la transformation digitale des villes et des territoires en partageant les meilleures réalisations, projets, idées tout en expliquant la démarche des smart cities dans ses dimensions sociétales, environnementales, politiques et technologiques.

Il y a eu 3 grandes étapes au début des années 2000 qui ont conduit au concept de Smart City :

  • La dynamique des grands industriels comme CISCO.

  • L’arrivée des outils du Big Data en 2010 : le début du renversement du modèle où la data devient un point de départ des projets.

  • L’engouement autour de l’industrie de l’IOT avec l’arrivée de systèmes connectés, implémentés dans de nombreuses villes aujourd’hui.

À quoi sert la Ville Intelligente ?

Nous sommes 7,5 milliards d’habitants sur terre et 53% d’entre nous vivent en ville.  En 2050, il y aura plus de 70% des 9,5 milliards d’habitants en zone urbaine. Chaque année, les villes vont devoir absorber l’équivalent de la population allemande.  Les Villes sont les principales sources de pollution et de consommation de la planète. Il faut donc réfléchir à des solutions pour : réduire la consommation d’énergie, d’eau, conserver un air pur, créer une mobilité fluide et propre, … 

On a donc besoin de solutions pour des villes durables !

Quelles sont les motivations pour mettre en place un territoire intelligent ? 

  • Améliorer la qualité de vie des citoyens.

  • Réduire le coût de fonctionnement comme l’éclairage intelligent, représente actuellement 40% de la facture électrique d’une collectivité, en pilotant intelligemment l’éclairage la nuit.

  • Optimiser la consommation des ressources naturelles comme la gestion de l’eau, grâce à des capteurs en temps réel qui détecte les fuites.

  • Optimiser les ressources humaines en mettant, par exemple, en place une application de gestion de la relation citoyenne (GRC).

  • Utiliser la data comme outil de construction des politiques publiques et non pas comme un outil d’évaluation qui arrive à la fin du projet (exemple de Boston et les pistes cyclables).

  • S’aligner avec la loi pour la transition écologique et la croissance verte.

  • Rendre la ville plus inclusive et mieux gérer les crises. Cet impact est d’autant plus important depuis la crise sanitaire du Covid : les dispositifs déjà en place ont permis d’identifier plus rapidement les personnes les plus à risques.

À noter : les priorités varient en fonction de la taille des territoires et de leurs compétences.

Quelques exemples de projets :

  • Dijon : première métropole de cette taille (160 000 habitants) qui s’est dotée d’un hyperviseur central dans lesquels remontent l’ensemble des services.

  • Grand Besançon : mise en place d’une redevance en 2012 basée sur le poids des déchets par bac, obtenu grâce à des capteurs, pour améliorer le tri et réduire le volume de déchets. Ils sont passés de 227 kilos de déchets par an par foyer à 150 kilos.

  • Malaunay : une petite ville de 6600 habitants qui a une politique énergétique très volontaire sur les énergies renouvelables - Il y a actuellement 1/3 de m2 par habitants de panneaux solaires qui sont situés notamment sur la toiture de l’église, des écoles, du boulodrome de la ville, un exemple d’autoconsommation électrique !

La technologie n’est qu’un support pour les politiques publiques qui tendent essentiellement à améliorer la qualité de vie dans leur ville. Cependant, sans infrastructure il n’y a pas de territoire intelligent. “ Ariel Gomez

Bouygues Energies & Services

Un territoire connecté, quels perspectives et enjeux du point de vue d’un industriel ?

Intervenante : Alice LAVAYSSIÈRE, Chef de Projet, Direction Villes & Territoires Intelligents, Bouygues Energies & Services

 
 
 

Pionnier dans l'univers des Smart City en France avec le projet OnDijon à Dijon, Bouygues Energies & Services met son expertise au service des villes pour améliorer les services publics aux usagers. Leur vision de la Ville Intelligente : « Mettre de l'intelligence au service du quotidien pour faciliter les trajets. Sécuriser via l'éclairage public. Ou encore apporter du bien-être avec l'aide de capteurs environnementaux. Ce sont les nouvelles technologies au service de la qualité de vie et du bien-être. », Magali Le Coze - Responsable développement commercial offres Smart City chez Bouygues Energies & Services

Un territoire connecté, quelles perspectives du point de vue d’un industriel ?

  • L’efficacité de gestion du patrimoine d’une ville.

  • L’intégration d’équipement urbain.

  • La maîtrise des coûts de fonctionnement et la consommation énergétique.

  • La possibilité d’offrir de nouveaux services aux usagers du territoire.

L’intégration des parties prenantes d’un territoire est un des enjeux d’un projet Smart City avec un triptyque : les collectivités (élus, services techniques, agents), les citoyens et les entreprises du territoire.

Focus sur le projet OnDijon :

 
  • Périmètre : 23 villes de l’agglomération.

  • Titulaire du projet : OnDijon avec Bouygues Energies Services, Suez et Citelum pour un marché de Conception Réalisation Exploitation et Maintenance (CREM) de 12 ans.

L’idée phare de ce projet est d’avoir une approche transverse de la gestion de l’espace public, de désiloter les services et comprendre le territoire de manière intégré. Ce projet comprend différentes verticales métiers comme les équipements (vidéo protection, carrefours à feux, l’éclairage public, …). OnDijon a mis en place un hyperviseur, aujourd’hui en fonctionnement, qui sert de pilote de ces équipements au quotidien pour gérer les événements qui ont lieu dans la ville, prévus ou imprévus.

L’hyperviseur ne vient pas se substituer aux outils métiers qui pilotent l’éclairage public et les différents équipements et infrastructures. Il est une couche supplémentaire aux superviseurs pour pouvoir piloter les événements en fonction des données, disponibles en temps réel, et des scénarios établis avec la collectivité.

Un hyperviseur pendant le confinement

Le poste de pilotage a eu un rôle de centralisation des équipes qui a conduit à une meilleure efficacité et performance de l’action public avec une transmission fluide de l’information entre les différents services, entre les élus et auprès des citoyens. Allo Mairie a reçu plus de 26 000 appels pendant la crise avec 25 personnes mobilisées pour répondre à ces appels pendant les deux mois de confinement.

“ Un territoire connecté : ce n’est pas qu’un territoire numérique mais un territoire ancré dans les enjeux du quotidien ! Alice Lavayssière

“ Un hyperviseur c’est un outil, dans un seul endroit, qui rassemble l’ensemble des services techniques et d’autres Délégataires de Service Public dont des entreprises privés ” Alice Lavayssière

“ Chaque territoire a sa spécificité et peut approcher un territoire connecté différemment du projet OnDijon ” Alice Lavayssière

Metapolis

La Smart City est morte… vive la Smart City ?

Intervenant : Fabien CAUCHI, Président de Metapolis

 
 


Metapolis est une jeune société de conseils et de services créée il y a 5 ans, spécialisée dans l'accompagnement des projets de transformation numérique des territoires : relation usagers, gouvernance de la donnée identité numérique et smart city. Metapolis permet d'imaginer la ville de demain, plus ouverte, plus collaborative et au service des citoyens !

Pour Fabien, le concept de Smart City semble être mort : dès ses début, ce concept marketing était extrêmement large, presque trop. Nous sommes passés d’une vision très “techno-centrée” ; d’une ville pilotée à partir d’un device numérique à quelque chose d’autre. Aujourd’hui, la smart city fait peur ; ce thème est le grand absent des enjeux électoraux : on parle aujourd’hui de sobriété numérique, gouvernance de la donnée… Il est impératif de revenir au concept de “faire cité” : remettre le citoyen au centre des enjeux de territoire et suivre un projet politique, d’ambition partagée dans lequel le numérique aurait toute sa place.

“ Le concept de Smart City se dilue dans un phénomène plus large de transformation des territoires, au gré des crises écologiques, économiques, sanitaires ” Fabien Cauchi

“ Il est important pour les élus et les citoyens de se poser des questions et de débattre sur des choix technologiques comme la 5G, les biais des algorithmes, l’hébergement des données” Fabien Cauchi

“ La Smart City est sans doute passée de mode, mais la transformation numérique au service de l’intérêt général en est à ses débuts, et c’est très bien comme cela! ” Fabien Cauchi

Échanges

 
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Les réactions des participants et les questions ont été très riches autour de deux sujets principaux : 

La participation des citoyens aux projets de ville intelligente

L’avis des citoyens est pris en compte dans d’autres pays, dans des logiques de co-conception (exemple de l’Espagne pour les projets à Barcelone). En France, ces approches sont plutôt “top-down”, on ne peut encore parler de co-création et de concertation sur ce type de projet. Il existe cependant des projets exemplaire sur des sujets autours de la donnée mais les réflexions actuellement portent sur les manières d’impliquer davantage les citoyens, à différentes étapes d’un projet de territoire.

Il existe (presque) autant de smart cities que de villes

Il apparaît clairement que chaque territoire a des besoins spécifiques : il existe un passé, une sociologie, des enjeux économiques propres à chaque ville. Un projet comme la création d’un poste de pilotage centralisé à la manière de Dijon ne pourrait s’appliquer tel quel à une autre collectivité. Les projets en revanche ne sont pas uniquement réservés aux pays et villes riches.


 

Merci pour votre participation !
On se retrouve très vite pour la prochaine édition de nos séries de meet-up sur la Ville de demain !

En attendant, découvrez plus d’informations sur Qucit Comfort ici