Le Vandalisme, fléau de la micro mobilité

Le 22 février 2023, nous avions rédigé un premier article sur le vandalisme afin d’aborder ce sujet, qui reste bien trop souvent tabou au sein des collectivités et de leurs opérateurs. 


Toutefois, invisibiliser le problème ne supprime pas son existence. Et il ne s’agit pas d’un cas isolé, mais bien d’un problème global auquel nous nous adressons aujourd’hui. Le vandalisme est universel, et n’épargne aucun système de micro mobilité partagée. 

Si vous avez la chance d’avoir un système de vélos ou trottinettes partagés dans votre ville, alors vous-même, cher lecteur, aurez pu le constater. Le vandalisme va du plus insignifiant des actes, comme abandonner une trottinette ou un vélo partagé au sol, à la dégradation acharnée de matériel : des vélos et leurs stations cassés et incendiés. 

La définition du vandalisme, prise du dictionnaire Larousse, Le Robert est la suivante : “Acte volontaire d’autrui de détruire ou endommager gravement, sans motif légitime, des objets de valeurs, des équipements ou édifices publics.” Mais alors, le vandalisme est-il une fatalité ? C’est la question à laquelle nous allons répondre aujourd’hui. 

 

Lever le tabou du vandalisme

Commençons par donner quelques exemples concrets et récents : 

  • En janvier 2023, Marseille lance son système “Le Vélo” de 1 840 vélos partagés 100% électrique, qui connaît un succès fou (46 000 abonnés et 55 000 utilisateurs qui payent l’usage). Or, une dizaine de mois plus tard, en octobre, une série d’actes de vol de pièces essentielles au fonctionnement d’un vélo rend inutilisable 500 vélos partagés. Alors qu’en juin, lors d’émeutes, 200 vélos avaient déjà été détruits. Au total, ce sont donc 700 vélos en moins, soit 38% de la flotte. “Le Vélo” a donc engagé des poursuites.  Aujourd’hui, grâce à une collaboration continue avec Qucit et un travail de qualité fourni par les agents opérant le système, le système connaît un succès fou. La métropole Aix-Marseille-Provence a donc décidé d’ajouter des vélos supplémentaires au système à partir du 1er janvier 2025, tout en instaurant des vérifications de comptes et pénalités graduelles pour prévenir l’abandon ou le vol vélos. 

  • En avril 2024, Keolis Bordeaux Métropole Mobilités a renouvelé l’entièreté de son système de vélos partagés “Vélo”, anciennement “Vcub” en référence à la communauté urbaine de Bordeaux (CUB). À peine trois mois après le lancement de la nouvelle flotte de 2 200 vélos électriques et mécaniques, ce sont 166 vélos qui ont été déclarés détruits et plus de 300 endommagés, dont une partie sont 300 vélos volés non retrouvés. Depuis, l’équipe opérationnelle de Cykleo travaille activement à prévenir les vols en envoyant sur le terrain des agents pour récupérer les vélos “perdus” grâce à leur localisation GPS.  Un vrai travail gagnant car aujourd’hui Le Vélo est de plus en plus plébiscité par ses utilisateurs, locaux comme touristes, qui y voient un moyen de locomotion parfaitement adapté pour se déplacer dans notre belle ville Bordelaise.

  • En octobre 2024, à Philadelphie (États-Unis), l’opérateur du système de vélos en libre-service “Indego Bikeshare  a dû retirer 5 stations de vélos partagés suite à une vague de vols et dégradations sans précédent sur les vélos (en particulier électriques) dans certains quartiers de la ville, notamment au sud-ouest de Philadelphie. L’opérateur travaille chaque jour à la prévention de ces dégradations en instaurant un vrai dialogue avec les habitants de chaque communauté. Un vrai succès car aujourd’hui Indigo est l’un des systèmes de vélos en libre-service de référence aux Etats-Unis. 

La liste de ces exemples est longue, et ne touche pas seulement la France ou les États-Unis, mais le monde entier. Depuis l’apparition des systèmes de vélos en libre-service, le vandalisme sévit partout : incendie de vélos à San Francisco (États-Unis) en 2017; vélos jetés dans les égouts à Singapour la même année ou encore vols à répétition des vélos “Ecobici” à Buenos Aires (Argentine) en 2020, qui ont entraîné la fermeture de 20 stations et 400 vélos de la capitale argentine. 

©Vladimir Wang

Les conséquences peuvent malheureusement être désastreuses pour les villes et leurs opérateurs de vélos en libre-service. Outre renvoyer une mauvaise image, le vandalisme entraîne de nombreux coûts matériels, humains et financiers. Ces coûts peuvent parfois mener à la fermeture temporaire ou définitive d’un système entier de VLS. 

  • En fin novembre 2024, le système de 180 vélos partagés “Beryl” de Worcester, au Royaume-Uni, ferme temporairement pour cause de vandalisme intensif, allant jusqu’à incendier des vélos ou à l’endommagement des roues arrière de nombreux vélos. L’opérateur a été contraint de lancer une enquête afin d’identifier les responsables. 

  • En février 2023, le système de vélos partagés “ToBike” a dû fermer définitivement suite à une année entière de vandalisme intensif. En 2022, ce sont en effet  900 vélos vandalisés et/ou volés qui ont été recensés par l’opérateur à Turin (Italie), alors que la ville avait investi près d’1 million d’euros pour renouveler le système, initialement lancé en 2013. 


Alors, face à ces conséquences désastreuses, nous ne pouvons que nous demander quelles sont les solutions face à cette délinquance ? 

 

Apporter les solutions adaptées pour prévenir le vandalisme

Tout commence avec les collectivités. Lors d’un projet d’implantation de système de vélos partagés, les villes peuvent prévenir le vandalisme dès la conception du système de vélos en libre-service. En effet, des critères appelés accords de niveau de service sont décidés par les autorités publiques avant que le système ne soit mis en place. Un opérateur de systèmes de micro-mobilité partagée s’engagera ensuite à appliquer ces accords de niveau de service afin de garantir la qualité du service rendu. 

Ainsi, pour limiter le vandalisme, ces accords peuvent inclure : 

  • le choix des matériaux 

  • le type de technologie employé 

  • une visite périodique obligatoire des stations pour vérifier leur état 

  • l’enlèvement des graffitis dans les 24 heures

  • le retrait d'un vélo vandalisé d'une station dans les 24 heures.

L’objectif de ces mesures est de maintenir un système propre et fonctionnel afin d’éviter une mauvaise image de celui-ci qui augmenterait le nombre d'actes de malveillance à son encontre. Certains marchés demandent même une traçabilité de vérification régulière des stations comme des vélos.

Ces critères, une fois soigneusement choisis et insérés dans le marché public, permettront aux opérateurs répondant à celui-ci de mettre en oeuvre des moyens (comme du personnel aux stations ou l’émission d’un signal sonore lorsqu’un vélo est mal raccroché) et actions (comme de la maintenance préventive ou de la collecte de vélos cassés ou abandonnés) pour atteindre ces niveaux de service, sous peine de sanctions dans le cas contraire. 

C’est à ce moment-là que nous, Qucit, rentrons en jeu. Grâce à notre logiciel d’optimisation logistique basé sur des algorithmes prédictifs, nous aidons les opérateurs de vélos en libre-service à prioriser leurs tâches du quotidien pour garantir une qualité opérationnelle optimale. Mais alors, face au vandalisme, en quoi les aidons-nous ? 

Sur les villes avec lesquelles nous travaillons, nous avons pu observer certaines problématiques qu’engendre le vandalisme sur lesquelles nous pouvons apporter une aide. Ces problématiques varient selon le type de technologie utilisée, et le besoin d’adaptabilité se fait ressentir. 

Effectivement, lorsque le vandalisme est concentré dans certaines zones, on observera plutôt un manque de vélos sur le terrain, auquel cas l’optimisation logistique de rééquilibrage sera cruciale. Avec des systèmes de stations fixes à débordements ou des systèmes free floating, on peut observer beaucoup de vélos en dehors des stations, ce qui pose problème au niveau de la gestion de l’espace public et de la recharge des vélos. Ainsi, de nombreux vélos sont abandonnés en ville et l’opérateur doit les retrouver au plus vite afin d’éviter les vols et dégradations. Qucit intervient donc pour faciliter la collecte de vélos dans un temps donné, en fonction de la position géographique de l’agent. 

Sur cette même tâche, nous permettons à certains de nos clients d’aller récupérer des vélos volés ou abandonnés dans des endroits reculés de la ville. C’est par exemple le cas à Long Beach, où nous collaborons avec les agents de terrain pour retrouver des vélos, parfois enterrés dans le sable. 

Sur une technologie de stations fixes, les vélos peuvent bien souvent être mal raccrochés, c’est pourquoi nous priorisons des tâches de maintenance préventive. Ces tâches permettent aux agents de se rendre rapidement sur place afin de raccrocher les vélos, en plus de s’assurer de l’état des stations et de leurs vélos. À Lille, par exemple, nous nous assurons que chaque station soit visitée au moins une fois toutes les 48 heures afin de vérifier l’état des stations et de leurs vélos.

Enfin, les collectivités et leurs opérateurs peuvent également sensibiliser leur public au travers de campagnes publicitaires réalisées dans le but de permettre à l’usager de s’identifier au bien public.  

Par ailleurs, en 2013 à Paris, puis 2015 à Toulouse, en coopération avec JC Decaux un programme “Tu casses, tu répares” de réparation pénale a été mis en place. Les auteurs de vandalisme effectuent un stage en atelier de maintenance afin de réparer les vélos endommagés. Cette mesure a permis de sensibiliser et d’empêcher la récidive.

 

Conclusion

Bien que le vandalisme soit présent partout dans le monde, il n’est pas pour autant une fatalité. De nombreuses solutions voient le jour, et chacun a son rôle à jouer. Les collectivités, en charge de la rédaction du marché public, peuvent insérer des accords de niveaux de service pour prévenir le vandalisme. L’opérateur remportant le marché, mettra ensuite en place des moyens et opérations en place, optimisées par Qucit, pour atteindre ces objectifs. Les usagers finaux, sensibilisés au vandalisme, seront satisfaits du système mis en place par leur collectivité.