20 millions de trajets ! Le boom des vélos électriques et ses défis en Amérique du Nord.

 

La micromobilité continue de croître dans les villes nord-américaines, stimulée par l’innovation et l’adaptation post covid. Malgré une période difficile qui a vu la fermeture d'environ un tiers des systèmes de vélos en libre-service, le secteur a connu une forte reprise.

Aux États-Unis et au Canada, les trajets en vélos électriques ont  fortement augmenté. Entre 2021 et 2022, les trajets en vélos de libre service ont connu une hausse de 38 % atteignant  20 millions de trajets​ (NACTO) (Electric Ride Lab).

Cette renaissance est soutenue par une augmentation de l'intégration des vélos électriques dans les systèmes de vélos en libre services. Trois quarts des systèmes de vélos avec station aux États-Unis et au Canada ont augmenté le nombre de vélos électriques dans leurs flottes en 2022 (NACTO).


L'Essor des Vélos Électriques dans les Système en libre services

Les vélos électriques gagnent en popularité et sont de plus en plus utilisés dans des grandes métropoles comme New York et Vancouver, et dans des villes de taille plus modeste telles qu'Omaha et Lincoln. À Vancouver, l'introduction des vélos électriques a contribué à franchir le cap du million de trajets annuels pour la première fois en 2023. À New York, près de la moitié des déplacements effectués avec le système Citi Bike sont réalisés sur des vélos électriques, qui ne constituent  que 20% de l'ensemble de la flotte.

Deux personnes à vélo

Crédits: Mobibikes.ca


Ces vélos, bien que plus coûteux à l'achat (environ 3 000 $ / vélo) et à entretenir, sont considérés comme un investissement rentable car ils attirent un plus grand nombre d'utilisateurs. À Omaha (Nebraska), où le relief vallonné favorise leur utilisation, les vélos électriques sont choisis presque exclusivement lorsqu’ils sont disponibles. C’est le cas également à Lincoln (Nebraska) une ville relativement plate, où les vélos électriques comptent pour plus de 75 % des trajets même s'ils ne représentent que 20 % des vélos.

Malgré l’engouement qu’ils suscitent, le problème majeur des flottes de vélos électriques en libre service demeure le coût pour la ville.


Défis et Solutions pour des Programmes Financièrement Durables

Le financement reste un défi majeur pour les programmes de vélos en libre-service. 

Lors de son lancement, le programme de vélo en libre service de Philadelphie a été initié avec un investissement significatif de la ville, qui a conservé la propriété de la majorité des vélos et des stations. Pour la gestion et l'entretien de ces installations, la ville a fait appel à une entreprise privée. Ce modèle mixte public-privé a permis à Philadelphie de maintenir un contrôle stratégique sur le service tout en bénéficiant de l'expertise opérationnelle du secteur privé. 

Groupe de personne conduisant un vélo à Philadelphie

À Vancouver, un partenariat public-privé a été établi. En 2016, la ville a signé un contrat avec Mobi by Shaw Go pour démarrer le programme. La ville a investi 5 millions de dollars en retour d'une garantie de fonctionnement de cinq ans. À Omaha, la propriété des équipements est partagée avec ROAM Share (organisation à but non lucratif qui a pour objectif d’améliorer la santé, la qualité de vie, et de promouvoir des formes de transport durables et équitables) ; mais tous les revenus sont conservés par cette organisation. 

Les approches de gestion des programmes de vélos en libre service varient, mettant en évidence l'importance de nouer des partenariats stratégiques et de réaliser des investissements judicieux. 

Cependant, ces programmes font face à des défis substantiels, notamment concernant leur viabilité financière. Cela se manifeste par la nécessité de subventions et de soutiens financiers, tant au niveau local que fédéral. 

L’un des exemples notables des défis financiers auxquels sont confrontés les programmes de VLS est le projet de loi LB1250 au Nebraska visant à fournir des subventions pour les programmes de vélos en libre service. Les sénateurs ont souligné les défis financiers en suspendant indéfiniment le projet de loi malgré les discussions initiales au sein du comité de Transport et des Télécommunications. Cela démontre les défis continus auxquels les programmes de vélos partagés sont confrontés, en particulier en ce qui concerne le financement public et le soutien législatif​ (trackbill.com).

L’aspect financier n’est pas le seul à prendre en compte pour le développement d’un système de vélos en libre service.

Intégration avec les Transports Publics et aspect Social : Clé du succès

L'intégration des vélos partagés avec les transports en commun est vitale pour augmenter leur utilité. Des villes comme Pittsburgh et Las Vegas ont développé des applications uniques pour faciliter les déplacements multimodaux, renforçant l'accès et la facilité d'utilisation des vélos en libre-service.

La dimension sociale doit également être au cœur des préoccupations des gestionnaires. Plus de 18 % des détenteurs de passe du système de Philadelphie sont des résidents à faible revenu, bénéficiant de tarifs significativement réduits. Des efforts sont également faits pour assurer une large distribution des stations de vélo à travers les zones urbaines, pas seulement dans les centres-villes ou près des universités, mais aussi dans les quartiers moins desservis. Des efforts similaires sont faits à Vancouver pour intégrer différentes couches de la population. La ville propose des laissez-passer à prix réduit pour les résidents à faible revenu. Elle offre également aux jeunes des réductions afin de les fidéliser.  

Les systèmes de vélos électriques sont également victimes de leur popularité, il est donc primordial pour les gestionnaires de penser aux questions de sécurité liées aux vélos électriques.

Sécurité

La sécurité des batteries est un enjeu crucial, fréquemment évoqué par les sceptiques et les utilisateurs. Des incendies et accidents causés par une gestion inadéquate des batteries ont nui à la réputation de ces vélos. Toutefois, ces incidents résultent généralement d'une utilisation incorrecte des vélos électriques. Des mesures comme la surveillance à distance des batteries à Omaha, ainsi que les stations de recharge électrique à Vancouver et Chicago, améliorent la gestion et augmentent la disponibilité des vélos.

Pour réduire les risques associés à la vitesse, certaines villes, comme Vancouver, ont fixé des limites de vitesse à 15 km/h pour les vélos électriques, alors que d'autres, telles que Philadelphie et Omaha, autorisent des vitesses légèrement supérieures. New-York à par contre baissé la vitesse de ses vélos passant de 20 km/h à 18 km/h. 

Outre la sécurité des batteries et la vitesse, le vol constitue le défi majeur des systèmes de vélo en libre-service, particulièrement pour les systèmes de vélos électriques qui sont plus onéreux. Les systèmes avec stations de docking améliorent la sécurité, mais des pertes subsistent malgré tout. À Omaha, la mise en place de traceurs sur les vélos a grandement diminué les vols, passant de plusieurs par mois à un seul sur plusieurs années. À Philadelphie, l'utilisation du suivi GPS combinée à une équipe dédiée à la récupération contribue efficacement à sécuriser les vélos partagés.

En conclusion, les vélos électriques révolutionnent le paysage de la mobilité urbaine, offrant des solutions durables et efficaces qui répondent aux défis environnementaux et de santé publique. Pourtant, pour que ces programmes atteignent leur plein potentiel, une approche coordonnée impliquant des investissements judicieux, une planification stratégique et un engagement envers l'équité sociale et la sécurité est essentielle. Les villes qui embrassent ces principes peuvent non seulement améliorer la mobilité urbaine mais également favoriser un environnement plus vivable pour tous leurs citoyens.

Pour approfondir la réflexion sur les vélos électriques, le choix entre vélo électriques ou mécaniques adaptés à un contexte local, découvrez notre article “Vélos en libre-service mécaniques ou électriques : quel type de vélo choisir pour répondre aux besoins de sa ville ?