Comment le last-mile à vélo s’intègre dans les mœurs aux US, pays de la culture automobile ? Partie 1
Les États-Unis, 4ème plus grand pays du monde en superficie et 1ère puissance mondiale, sont un pays marqué par l’histoire de la mobilité. Il a toujours existé le besoin d’innover en matière de transports afin d’aller plus loin, plus vite. Dans un contexte actuel d’urgence climatique et de densité urbaine croissante, comment intégrer le dernier kilomètre à vélo dans les mœurs américaines ?
Je vous propose donc un voyage dans le temps pour mieux comprendre l’histoire de la mobilité, et particulièrement la place du vélo dans le pays de l’American Dream.
Cartographie et Histoire du Vélo aux États-Unis
L’histoire de la mobilité aux États-Unis
Les États-Unis sont un pays riche géographiquement, historiquement, culturellement et économiquement. Cette république d’Amérique du Nord est composée de 50 états fédéraux : parmi eux des états comme la Californie, le Montana, la Louisiane mais également l’Alaska et Hawaï. Nous pouvons retrouver des topographies et climats multiples allant des confins de l’Antarctique, en passant par les montagnes jusqu’aux climats désertiques arides ou encore tropicaux et humides. Avec 9,6 millions de km2 de superficie, les États-Unis s’inscrivent à la quatrième place des pays les plus grands du monde, derrière la Russie, le Canada et la Chine.
La question du transport des biens et des personnes a rapidement été soulevée. À partir du XVIIème siècle jusqu’aux prémices du XXème , la population s’est longtemps déplacée en calèche. Bien que populaire, ce moyen de transport ne permettait pas de voyager rapidement. C’est au XIXème siècle que de nombreuses innovations firent leur apparition en termes de mobilité.
Le tout premier véhicule à vapeur américain vit le jour en 1805 grâce à Olivier Evans, un inventeur passionné par la mécanique industrielle. Dans les années 1820 les voies ferroviaires fleurirent pour permettre au train de devenir au siècle suivant le moyen de transport le plus influent de l’Amérique du Nord. Aujourd’hui, le train est devenu essentiel à la croissance des économies des États. Au cours d'une année classique, les chemins de fer de marchandises américains transportent environ 1,6 milliard de tonnes sur près de 140 000 miles à travers 49 États et le district de Columbia.
En 1889, vînt la première voiture électrique, créée par William Morrison, inventeur né écossais, naturalisé américain. Malgré sa lenteur équivalente à une vitesse de moins de 25 km/h, ce mode de transport suscita l’intérêt des populations urbaines, notamment des femmes pour sa facilité à démarrer, à entretenir et sa discrétion.
C’est en 1880 que le vélo fit entrée sur le territoire américain. Toutefois, c’est de l’autre côté de l’Atlantique qu’est né le créateur du vélo américain. Pierre Lallement, inventeur français, arrive aux États-Unis en 1865, et c’est un an plus tard qu’il obtient un brevet américain pour la première bicyclette à pédales du pays.
Le vélocipède était doté d’une grande roue avant et d’une petite roue arrière. Pour plus de sécurité, on développa par la suite le “safety bicycle” avec des roues de tailles égales ainsi qu’une transmission par chaîne.
L’apparition de la bicyclette connut un rapide succès auprès des populations américaines grâce à la mobilité personnelle qu’elle offrait à moindre coût. Pour les foyers américains, la bicyclette demandait peu d’entretien, était facile à entreposer, et surtout ne nécessitait pas d’alimentation, contrairement aux chevaux.
Inventée en Allemagne en 1876 par Karl Friedrich Benz (Carl Benz), il fallut attendre 1901 pour que les premiers prototypes américains de voiture à essence voient le jour. Conçu après la Mercedes européenne, avec un moteur 4 cylindres de 35 chevaux, le véhicule pouvait atteindre les 80 km/h. Les ingénieurs américains ont adapté la voiture européenne pour la rendre plus endurante et accessible. Les ressources naturelles du pays telles que le fer, l’acier, le bois, le cuivre, l’essence ou le laiton ont largement contribué à la démocratisation de la voiture à essence aux États-Unis. Associée à un sentiment de liberté et d’indépendance, la voiture à essence devint partie intégrante du rêve américain.
L’essor du vélo aux États-Unis
Pour comprendre l’essor du vélo au pays de la culture automobile, il nous faut encore remonter le temps aux prémices de son histoire.
C’est en 1881, qu’Albert Pope devient le premier fabricant de vélo américain. Cette même année, il commence à fabriquer la fameuse “Columbia Bicycle” au Connecticut.
En 1890, grâce à l’émergence de l’industrie de fabrication du vélo, il a pu être quantifié qu’un citoyen sur 650 possédait une bicyclette. En seulement six ans, la démocratisation du vélo prend une ampleur folle avec un boom de 2 300%. C’est alors une personne sur 27 qui en détient. Étant donné que la plupart de ces détenteurs de vélo se trouvaient dans le Nord-Est ou dans les régions industrielles de l’Ouest du pays, l’essor du vélo se réalisait de façon inégale. Toutefois, cette inégalité a d’autant plus marqué son succès.
Une des raisons de cette croissance exponentielle vint du fait que la production de masse du vélo se produise avant celle de la voiture. Le vélo est alors symbole de liberté individuelle, non seulement pour les hommes, mais surtout pour les femmes. En effet, le droit de vote n’ayant été accordé aux femmes qu’en 1920, le vélo était pour elles un moyen d’émancipation.
D’autre part, le vélo se rend également facteur d’inclusion sociale pour lutter contre le fléau que représente le racisme. En 1897, le vélo devient le premier sport à avoir une équipe métisse, grâce à l’inclusion de Major Taylor, le premier champion masculin nord-américain noir du monde, tous sports confondus.
Bientôt, de nombreuses pistes cyclables furent construites afin de relier les villes et les villages. Comme exemple, nous pouvons citer la fameuse “California Cycleway” qui devait rejoindre Los Angeles et Pasadena, sans jamais avoir été achevée avant sa démolition.
Pour éviter un ralentissement de la popularisation du vélo aux États-Unis, plusieurs fabricants décidèrent de s’associer. Ensemble, ils rendirent la bicyclette plus légère (passant de 15 kg à 11 kg), plus confortable (en ajustant le guidon pour une meilleure position) et moins chère.
Post seconde guerre mondiale, aux États-Unis, le vélo était perçu comme un jeu pour enfants plus qu’un moyen de locomotion sérieux. Il fallut attendre les années 1960/70 pour que le vélo connaisse un nouvel engouement par sa place dans les débats politiques et d’enjeux de santé publique. Les ventes de bicyclettes aux États-Unis, qui s'élevaient à 6 millions par an, sont passées à 9 millions en 1971, à 14 millions en 1972 et à 15,3 millions l'année suivante, selon un rapport de la Bank of America. Alors que la plupart des bicyclettes vendues avant le boom étaient destinées aux enfants, 60 % d'entre elles étaient soudainement destinées aux adultes.
Bien que l’apparition du vélo aux États-Unis se soit développée de manière inégale (Nord-Est et Mid-Ouest), le vélo a su s’imposer comme un outil libérateur pour les communautés minoritaires et les femmes vers leur droits et indépendance. De nombreuses associations cyclistes ont vu le jour pour faciliter l’accès au vélo et améliorer les infrastructures. Mais alors, comment assurer la popularité de la bicyclette dans les milieux urbains américains ?
Et bien, suite au prochain épisode…
Sources:
https://www.britannica.com/place/United-States
https://skilling.com/eu/fr/blog/trading-terms/largest-countries-in-the-world/
https://www.aar.org/topic/impact#!
https://corsia.us/transportation-in-the-united-states-a-brief-history
https://americanhistory.si.edu/collections/object-groups/si-bikes/si-bikes-ordinary
https://servicekoers.be/en/stories/american-bicycle-industry